Le revenant

Il existait ou il n'existait pas, un homme ayant un fils. Cet homme avait un cheval robuste qu'il s'en servait pour tous ses travaux. Un jour, alors qu'il était en promenade, son fils qui n'avait que seize ans mourût.. Dans les jours suivants, un homme, imposteur, voleur et maniganceur, en se baladant de village en village volait les gens naïfs et inexpérimentés en les trompant et en les déroutant.

Cet homme est arrivé dans le village, il s'est rendu à la maison du jeune homme mort. A la vue de cet homme étrange et habillé d'une manière farfelue, la mère du jeune homme prit peur et pria :

- Que se passe-t-il ? les esprits veulent m'enlever !

- N'aies pas peur ! rassura le maniganceur, quelque peu surprit par la réaction de la dame. La malheureuse femme, immobilisée, commença à poser des questions.

- Tu peux me poser les questions que tu veux, je saurais y répondre ! dit-il.

- D'accord, dit la femme. Dans ce cas, qui est mort au cours de ce mois et qui s'est retrouvé au ciel ?.

- L'homme lui répondit aussitôt, en donnant son nom, son prénom, son jour de naissance et l'âge qu'il avait à sa mort. Lorsqu'il eut terminé de donner ces détails, elle fût étonnée puis gênée. Ensuite, pour avoir une autre condition de vérification, elle posa une seconde question :

- Comment est la vie après la mort ? dit-elle.

- Comme dans ce monde, le riche est riche et le pauvre est pauvre, répliqua-t-il.

Elle raconta alors la vie et la mort de son fils et voulut que cet homme lui donne des nouvelles de son fils. Il lui fit savoir que son fils était resté pauvre et sans défense.

- Et si je vous donne tous ce que j'ai, or, argent et objets précieux, pourriez-vous les lui faire parvenir ? demanda-t-elle.

- C'est difficile de s'occuper de quelque chose de confiée ! dit-il.

- Pourquoi ne voulez-vous pas lui apporter ? insista-t-elle.

- Si je perds ce que tu me confies, je pourrais devenir responsable d'un grand malheur, expliqua l'imposteur. Mais lorsque je partirais du village, je te rendrais visite pour éventuellement accepter cette mission.

- Vous ne serez pas surchargé, s'il vous plaiût ! supplia-t-elle, inquiète qu'elle ne puisse pas avoir une autre occasion.

- D'accord, d'accord, je vais les prendre avec moi, approuva-t-il.

La malheureuse femme lui donna tout l'or et l'argent qu'elle avait. Il prit et en s'éloignant de la maison, il vit au loin, un cavalier s'approcher de la maison. Il se cacha derrière les arbres pour changer rapidement sa présentation et reprit aussitôt la route. Il constata que ce cavalier se dirigeait bien vers la maison d'où il venait lui-même et comprit qu'il s'agissait là, du père du jeune homme. Lorsque ce père arriva à la maison, sa femme s'emporta :

- Qu'on ait pitié de toi ! Alors que ton fils manque de tout, toi, tu passes du bon temps ! cria-t-elle.

- Que s'est il passé ? Qu'as-tu entendu ? murmura-t-il.

- Notre fils vit dans la misère ! se plaignit-elle. Un brave homme mort et qui a ressuscité est venu chez nous pour me le dire. Et moi, je lui ai donné tout ce que nous avions de précieux pour qu'il les donne à notre fils.

- Gardes ta raison ! ma chère, les morts ne ressuscitent pas, c'est probablement un voleur, où est-il parti ? répliqua-t-il .

- Mon cher, il vient tout juste de sortir et il est parti par là ! chuchota-t-elle, en montrant du doigt la direction et après avoir décrit l'homme physiquement.

Le voleur remarqua que le cavalier se dirige vers lui. Il se mit à crier et à lancer toutes sortes d'insultes, de menaces et d'injures, jusqu'à ce que le cavalier arrive près de lui et qu'il dise :

" Que se passe-t-il ? pourquoi cries-tu ?".

- Un voleur sans scrupules est venu dans ce village ! répondit-il. Je suis venu pour le capturer, mais il s'est caché dans cette forêt. Ami, vous n'auriez pas une arme ? Pour que je règle son cas;

- Moi aussi, je le cherches, affirma le cavalier. Je veux le capturer de mes propres mains et lui donner la correction qu'il mérite.

- Non ! dit le voleur. Il est jeune et je le suis aussi, il n'y a que moi, ici, qui puisse le capturer. Mais je n'ai pas d'arme et la forêt est dangereuse.

- Ne t'inquiètes pas ! dit le cavalier. Retiens mon cheval et je m'en occupe ! je vais régler cela en cinq minutes.

Lorsqu'il eut disparut dans la forêt, le voleur monta sur le cheval et réussit à s'enfuir. Quant au cavalier, après une longue recherche, sans trouver qui que ce soit, il ressortit de la forêt pour chercher son cheval. Mais n'ayant retrouvé ni son cheval ni l'homme qui le gardait, il sourit en s'étonnant d'avoir été dupé. Il pensa, en souriant et en se dirigeant vers sa maison : "j'ai reproché à ma femme d'avoir été déroutée par un voleur et ce même voleur vient de me dérouter, moi aussi !". Et il arriva chez lui :

- Que s'est il passé ? As-tu trouvé le voleur ? questionna sa femme.

- Oui, oui ! chuchota-t-il.

- Alors, où est ton cheval et où sont nos pièces ?

- Que dis-tu femme , c'était vrai, ce n'était pas un vrai voleur !.

- Si c'était vrai, oùê est ton cheval ?

- C'est à lui que j'ai donné le cheval, femme !

- Pourquoi ?

- Je lui ai donné pour qu'il puisse apporter nos pièces à notre fils plus rapidement, répondit le cavalier, peu fière de ce qui leur est arrivé.

© Roni KEVIR, janvier 1997